Ma question sembla la piquer au vif. Je souris. Il n'y avait rien de plus agréable. Je décidais de la classer comme "louve". Quileute ou garou, cela changeait bien peu de choses. Disons, comme berger belge ou berger allemand, un chien reste un chien. Elle commença a se rapprocher de moi. Avec une démarche de prédatrice. Cela ne m'impressionna guère. C'était comme si un chaton voulait impressionner un lion aguerri. Plus elle approchait, plus l'odeur se faisait forte. Je n'ai jamais compris pourquoi nous sentions ainsi l'autre. Il allait falloir que je demande à mon père. Pas mon père biologique, sous entendu. Je ne pense pas que des ossements soient très bavards.

Forks est l’endroit le plus mort que j’ai jamais vu. Il faudrait me payer pour que j’accepte de vivre ici.

J'éclatais franchement de rire. C'était vrai que l'endroit n'avait rien de très attrayant. Pour quelqu'un de normalement composé. Jamais de soleil, ou très très peu, Pas de grandes activités... Non, vraiment, il n'y avait là aucun attrait véritable.

Un mètre seulement nous séparait. Si je tendais le bras, mes doigts pourraient effleurer sa joue que je devinais sans doute brulante. Si je tendais le bras, mon contact serait d'une froideur brûlante, désagréable, suintant la mort. Si ma peau effleurait la sienne, elle devinerait sans doute ma véritable nature. A moins qu'elle ne fut totalement ignorante. Je ne saivais pas à quelle race exactement elle appartenait. Ni si les enfants de la lune avaient connaissance des êtres comme moi.

Et vous ? Qu’est-ce qui vous amène dans ce beau pays ?

En quoi cela pourrait-il intéresser une louve ? Si je te réponds, le sang, la mort... Fuiras-tu ?

C'est une longue, très longue histoire. Mais, plus simplement, je cherche ici quelque chose que je n'ai su trouver dans le Sud ni en Europe.

Une chimère rien de plus.

Forks, Port Angeles, Seattle... Tout cela ne sont qu'étapes. Si ce n'est indiscret, qu'est-ce qui t'amène dans l'endroit détestable en apparence qu'est Forks ?

Quel élan de courtoisie. Nimporte qu'elle autre vampire aurait sauté à la gorge de la louve. Moi je faisais connaissance, banalement, comme si cette présence incongrue n'accentuait pas la brûlure que je ressentais à la gorge. Il allait falloir que je chasse. Vite.

Oh, je manque à la plus élémentaire des politesses. Je me nomme Cameron. Cameron McKnight.

Autrefois, la présentation se serait accompagnée d'un baisemain et d'un "ravi de votre présence". Autrefois. Ce ne fut qu'un simple mais élégant mouvement de tête.