Je crois que je n'aurai jamais su imaginer un tel avenir... Même les plus beaux songes n'auraient su rivaliser avec un tel bonheur... Bonheur là aussi ce n'est qu'un mot, j'ai presque l'impression que l'expression « bonheur parfait » a été vidée de son sens par ce que je vis à présent, au présent même. Je crois même que je pourrai en parler durant des mois que cela ne rendrait pas justice à ce qui traverse... Je ne sais même plus si il s'agit de cœur ou d'âme... Ma tendre Bella rirait si elle m'entendait parler ainsi.
Moi qui me croyais damné, me voilà à chercher les voies par lesquelles son amour à su m'imprégner. Douce et tendre Bella qui a su faire de ma vie un véritable moment de joie. Elle qui a mis au monde notre si belle, et déjà grande fille...

Pourtant mon ciel même si il est d'un bleu étincelant ne reste pas sans nuages. Bien au contraire.
Voilà des jours à présent que celle que j'ose appelé avec tendresse ma petite sœur adorée, Alice, souffre. Pour le savoir, je n'ai pas besoin de lire dans ses pensées, je n'ai pas besoin de lui arracher des vérités qu'elle ne voudrait dire. Je le sais, je le vois. Sa si belle joie de vivre semble s'essouffler. Elle ressemble à un petit lutin à qui on aurait enlevé son envie de danser. Je sais qu'elle souffre, et au fond de moi j'enrage de ne pouvoir rien faire. J'aimerai tant être le grand frère qui saurait apaiser ce tourment qui est le sien. Hélas je ne sais qu'être là... Et veiller sur elle lorsque Jasper ne la garde pas pour lui seul... Je ne sais que mettre ma main sur son front déjà glacé comme si cela pouvait suffire, alors que même Carlisle semble impuissant face à sa douleur. Je ne sais que murmurer à son oreille comme pour calmer son esprit en souffrance :

_ Je te promet de trouver le moyen de te soulager. Reste mon petit Lutin d'accord ?

Et voilà qu'aujourd'hui, cette nouvelle est tombée telle une épée de Damoclès. De nouveaux Loup-Garous. En soit je ne vois plus vraiment ça comme un problème, plus depuis un moment d'ailleurs, mais eux... Eux ils sont différents, ils s'approchent et veulent rencontrer ma fille, notre fille, et je n'ai nulle intention de les laisser faire. Qu'elle soit proche de Jacob, est quelque chose qui m'est devenu tolérable... Supportable, mais ces inconnus, qui ignorent tout de notre présent ?
D'ailleurs à son propos à lui, j'ai l'impression qu'il ne m'a pas tout dit... Et je ne peux que voir l'inquiétude se dessiner sur le visage de ma douce Bella...

Cette situation n'est plus tolérable, je veux savoir ce qu'ils veulent, je veux comprendre, qu'ils me le disent. Pourquoi elle et pas nous ? Trop de questions, trop de doutes à cet instant.
Je crois que je savais avant même que ma tendre épouse n'ait dit le moindre mot ce qu'elle pensait...


Elle a simplement acquiescé, et je l'ai embrassé avec passion, avant de retrouver mon petit lutin, encore plus perdu si cela pouvait être possible. J'ai posé mes lèvres sur son front, balayé quelques mèches de cheveux. J'ai serré ma fille dans mes bras, la confiant à la bienveillance de sa mère, et à la prudence de Jacob. Jacob à qui j'ai bien pris soin de ne pas dire où j'allais d'ailleurs.

J'avançais cette fois vers l'inconnu, je n'avais pu empêcher Bella de m'accompagner jusqu'à un point que nous avions décidé ensemble. Elle voulait être sûre qu'il ne m'arriverait rien. Je me demande encore qui protège qui aujourd'hui. Un dernier baiser, j'ai senti une nouvelle fois sa peau sous mes doigts et je suis parti de mon côté alors que ma tendre aimée faisait demi-tour, cette fois sous mon regard protecteur.

Je n'avais aucune idée de qui j'allais rencontrer, de qui j'allais croiser, j'espérais seulement croiser la route de cette « louve Alpha », façon dont en parler Jacob lorsqu'il parlait d'elle. J'ai fait je ne sais combien de kilomètres en la cherchant, et à chaque pas mes pensées se tournaient vers ma tendre épouse dont je revoyais les traits, vers ma fille pour qui l'inquiétude prédominait davantage, et vers Alice. Je n'avais pas oublié ma promesse et malgré la distance je cherchais comment l'aider. A cet instant mon esprit n'était plus vraiment apaisé, seul le visage de Bella parvenait à me faire retrouver un instant un peu de paix.
Et enfin ma route croisa celle de Serena, mon regard se posa sur elle, tandis que tout mon corps se tendait comme alerté par quelque chose que j'ignorais. Je l'ai observé un long moment, la mâchoire serrée. Je ne savais pas si elle m'avait vu, ou entendu. J'ignorais tout d'elle, et à cette seconde j'allais me jeter – peut-être malgré moi – dans la gueule du loup.
Triste sort pour un vampire n'est il pas ?