Caleb est un être répugnant.
N'a-t-il jamais vécu de moments effroyables dans son existence humaine, pour compatir ne serait-ce qu'un peu à cette pauvre jeune fille qu'il a tué, aujourd'hui ?! Qui sert de composte, en ce moment, à notre jardin.
Repoussant, rebutant ! C'en est insupportable. Un minimum de classe et d'élégance.
Je m'avançais à pas lents, laissant mes vielles boots s'enfonçaient dans la gadoue. Dégoutant. Comme Caleb.
Le bruit des semelles en résine sur le sol boueux n'était pas désagréable. Celui du vent qui jouait avec les feuilles des arbres non plus. Cet endroit me calmera surement les nerfs. Si jamais je tombais sur quelqu'un de la ville, je n'aurai qu'à prétexter une promenade de reconnaissance. Oui, voilà un plan parfait. Mais pour l'instant, je ne devais penser à rien. Seulement humer les différentes odeurs des environs. Terre mouillée, cuir, pierre, résine, bois, marguerite, et même une odeur de cerf. Infecte. Comme Caleb.
Calme. Je suis seule, entourée d’arbres grignotés par des champignons et par quelques animaux inoffensifs. Autant se défouler.
Sans même m’en rendre compte, je donnais un grand coup de point, fracassant en deux un petit tronc, déjà fissuré. Je fis deux grands pas puis un saut, pour atterrir sur une branche rongée par l’humidité. Je sautillais doucement, jusqu’à entendre le doux crépitement du bois qui se brise, puis, en équilibre, je finis par taper du pied fermement, pour enfin faire tomber la branche. Je m’accrochais au tronc, prête à, comme pour le premier, le défoncer à coups de griffes.
Ça ne me faisait absolument rien. Voir toute cette masse s’écroulait devant moi, me rappeler ma puissance me laisser indifférente. Lassitude quand tu nous tiens. J’étais ridicule. Aussi ridicule que Caleb.
Un long hurlement s’échappa de ma bouche. Je détestais me voir dans cet état là.